Alerte enlèvements: quand les fakenews créent la psychose au Gabon

[D]epuis quelques temps, des rumeurs d’enlèvement d’enfants enflamment la toile. Prises très au sérieux, certaines se révèlent finalement n’être que des Fakenews (fausses informations). Malheureusement, le mal est déjà fait, la psychose s’étant déjà emparée de l’opinion. Et vue qu’il y’a quelques cas avérés de disparition de personnes, adultes ou enfants, retrouvées mortes quelques jours plus tard, il devient difficile de démêler le vrai du faux. Le doigt accusateur est vite pointé, sans réserve aucune, sur les politiques (majorité et opposition confondus), par les adeptes de la récupération. En l’occurrence, des leaders d’opinion en mal de popularité.

Les Fakenews de kidnappings ou de tentatives de kidnappings, inondent les réseaux ces dernières semaines. Cas de cette jeune fille de 17 ans qui aurait récemment échappé à des criminels sur la nationale 1, à quelques kilomètres de Libreville. Montée avec une dame et son enfant à bas âge dans un bus à la pharmacie d’Essassa pour le Pk27/Olam, la gamine aurait perdu connaissance durant le trajet pour se réveiller quelques temps après dans une brousse, pieds et mains liés. Aux mains de raviseurs, qui, ayant sorti des glacières, bidons de 5L, seringues et machettes, auraient froidement assassiné la femme et son enfant.

C’est sa virginité qui aurait sauvé la vie à cette gamine; l’un des ravisseurs ayant renoncé à la violer car, soutient-elle, leur patron leur promettait plus d’argent s’ils ramenaient une fille vierge. «Après ils sont descendus derrière le camion. Les trucs aux pieds ont commencé à quitter. Les trucs aux mains j’ai commencé à enlever avec les dents. Après je les ai vu venir, j’ai commencé à fuir par l’arrière». Dans la vidéo de son témoignage abondamment relayée sur la toile, la jeune fille fait son recit en pleurs et vraisemblablement traumatisée par un événement qu’elle aurait vécu.

Si ce récit a ému plus d’un, il s’avère n’être qu’une pure invention. En effet, face aux enquêteurs de la gendarmerie locale, la prétendue victime d’une tentative d’assassinat avoue avoir eue peur assumer qu’elle avait dormi chez son petit ami résident dans le voisinage. Et a donc monté cette histoire de toutes pièces, sans réellement mesurer les risques qu’elle encourait. L’Article 93 de la loi n°006/2020 portant modification de la loi 042/2018 du 05 juillet 2019, adoptée en juin 2020 par l’Assemblée nationale et le Sénat, punit les coupables de fausses nouvelles d’un emprisonnement de 5 ans et d’une amende de 3 millions de FCFA et 5 millions de FCFA si cela se fait avec un sentiment de mauvaise foi. Seule la magnanimité des gendarmes en charge de l’enquête a évité la prison à cette inconsciente.

Et que dire du cas KOUMBA BOUYANGA Penny Malvina? Recherchée par sa famille qui la craignait au kidnapping, la jeune fille serait finalement retrouvée au domicile de son petit ami. «Quelqu’un qu’on veut tuer va d’abord prendre son temps pour bien répondre aux messages. On lui dit partage ta position, madame lis, elle ne répond pas» a commenté une internaute citée par “Medias241”, soutenant avoir eu des nouvelles de la «disparue». Dans la même vaine, un autre internaute a écrit :
« Enlève oh, elle était chez son gars ». Les faits tantôt évoqués devraient amener l’opinion à la retenue. S’emballer à la première information relayée, est lourde de conséquences.

Ce n’est pas si loin: le 25 janvier 2020, Patrick NDONG EYEGHE, perdait la vie suite à la justice populaire parce-que confondu à un ravisseur. L’infortuné était allé récupérer ses enfants à l’école primaire « Mère Jean Gabrielle » sise à STFO, dans le deuxième arrondissement de Libreville, quand il fut pris à partie par une population qui le prit pour un kidnappeur. Patrick NDONG EYEGHE succomba à ses blessures à l’établissement hospitalier où il fut transporté peu après son lynchage. À la grande indignation des siens.

Au comble de l’indignation, à l’instar de toute la République, le Président de l’Assemblée Nationale de l’époque, Faustin BOUKOUBI, intima le Gouvernement de ramener le calme par une communication judicieuse et à prendre les mesures appropriées. Or, la veille de ce triste événement, soit le 24 janvier 2020, le gouvernement montait au créneau pour annoncer une batterie de mesures : «Face à cette psychose savamment entretenue, le Gouvernement annonce un déploiement conséquent des Forces de Sécurité et de Défense sur toute l’étendue du territoire national avec une plus grande concentration aux abords des établissements scolaires. Des fouilles systématiques des véhicules seront effectuées par les Forces de l’ordre dans le respect des droits humains et des Conventions internationales».

En 2020, pour ramener calme et sérénité dans l’opinion, le gouvernement dû durcir le ton, en prévenant les adeptes de la vindicte populaire des actions qui seraient judiciaires qui seraient engagées à leur encontre. «Nul ne peut se faire justice dans un Etat de droit et le Gouvernement se montrera ferme vis-à-vis de ceux qui auront choisi la barbarie comme expression de justice. Tout individu ou groupe d’individus qui se substituerait aux Forces de l’ordre dans leurs missions de protection des personnes et des biens et de perquisition, s’expose aux affres de la loi». La situation tend malheureusement à se répéter, et les mêmes causes risquent de reproduire les mêmes effets. Il est grand temps que les pouvoirs publics prennent les mesures qui s’imposent. Avant que l’on ne retombe dans l’escalade de 2020, ou des innocents furent lynchés sur la seule base de soupçons non étayés par des preuves matérielles.

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