[L]e 5 mars 2023, l’entreprise américaine King’s Auctions mettra aux enchères la collection Timothy Koock. 222 objets d’art religieux et autochtones africains, d’artefacts, de reliques, et d’objets de cérémonie. Dans cette collection, figure le «Mbulu Ngulu», masque Kota et figure de gardien, d’une estimation à plus de 56 millions de francs CFA.
Mbulu Ngulu, le gardien de reliquaire Kota, masque gabonais de groupe ethnique Kota, est la représentation de la figure du gardien. Il se présente sous un visage tantôt concave, tantôt convexe, généralement expressif. Il est posé sur un socle en forme de losange, qui représente aussi ses jambes. Ce masque, dans son rôle de symbolique du gardien de reliquaires, était placé dans un panier contenant les ossements des défunts afin de les éloigner des esprits malfaisants.
Ce 5 mars 2023, c’est donc un élément culturel et religieux du Gabon, qui changera de propriétaire sans l’avis de celui-ci qui en est fondamentalement le propriétaire, le Gabon. “Mbulu Ngulu” le gardien reliquaires continuera ainsi un périple, commencé dans la forêt équatoriale, entre les mains des sculpteurs et homme de religion traditionnelle Kota. Au Texas, il ne faudra pas dépenser moins de 56 millions de francs CFA pour espérer rentrer avec le masque Kota.
Au-delà de cette potentielle vente, c’est l’occasion d’interpeller les autorités culturelles gabonaises. En effet, alors que certains pays d’Afrique, à l’instar du Bénin, parviennent à faire revenir à la maison des objets de leur patrimoine culturel, le Gabon peine à emboîter le pas. Vivement que ce département ministériel se démarque positivement en faisant bouger les choses, et pose son regard sur ce cas de figure. Car, il n’existe pas de réappropriation culturelle, sans réappropriation d’objets de culture.
